Dans vingt-cinq ans, selon les objectifs de l’Accord de Paris, plus une seule goutte de pétrole ne devra être utilisée dans les transports terrestres… On mesure combien ce défi est ambitieux quand on sait que les émissions du secteur représentent 32% des émissions nationales et qu’elles ne baissent quasiment pas - ou peu - en dehors des crises pétrolières (1973), économiques (2008) ou sanitaires (2020) qui ont pu bouleverser, pendant un temps, nos habitudes de déplacement.
Le renversement de cette dépendance aux hydrocarbures s’impose aujourd’hui dans un contexte où notre système est rendu vulnérable par une série de facteurs.
L’accélération des dérèglements climatiques bouleverse nos territoires et fragilise les infrastructures de transport. Confrontées à des tempêtes, des canicules, des alternances de gel et de dégel, des inondations et des sécheresses, des submersions marines ou encore des glissements de terrain, nos infrastructures routières, ferroviaires, maritimes et fluviales vont avoir besoin de dispositifs de protection et de remises en état longues, coûteuses et perturbantes pour les flux de personnes et de marchandises.
Cet enjeu d’adaptation se cumule avec d’autres vulnérabilités : celles des ménages - notamment les plus modestes -, confrontés à l’érosion de leur pouvoir d’achat et dont beaucoup dépendent de la voiture thermique pour l’accès à l’emploi, à la consommation et aux loisirs.
Celle des collectivités publiques, qui peinent à identifier les sources de financement des investissements considérables que requièrent les politiques d’atténuation et d’adaptation. Celle des opérateurs de transport, qui font également face à des murs d’investissements et qui peinent à recruter sur des métiers en tension. Celles des industriels, en concurrence avec les stratégies offensives des américains et des chinois, tant pour la conquête des marchés que pour l’accès aux ressources et aux matériaux…
Ignorer ou minorer ces fragilités, c’est exposer notre système de mobilité, et donc le fonctionnement de la société toute entière, à des risques majeurs, tant physiques que sociaux, politiques et financiers. Comment adapter nos infrastructures et nos matériels roulants au climat de demain ? Comment sécuriser nos approvisionnements de matériaux et d’énergie ? Comment offrir des solutions décarbonées accessibles à toutes les bourses ? Comment prioriser les investissements considérables qui se profilent ? Comment enfin éviter un coup d’arrêt, voire un retour en arrière, dans les politiques de transition ?
Ce sont les questions auxquelles nous tenterons de répondre, en faisant appel à des experts, chercheurs et acteurs de terrain de premier plan. Nous chercherons également à valoriser la diversité des points de vue et des expériences apportés par les auditrices et auditeurs, en constituant un lieu d’apprentissage collectif, pour des mobilités plus sobres, plus résilientes et plus inclusives.