Le climat a déjà changé. 2022 et 2023 ont été en France les deux années les plus chaudes jamais enregistrées. Ces températures inédites charrient déjà leur lot d’événements extrêmes - canicules, sécheresses, inondations, tempêtes, feux de forêts – ou de transformations plus lentes – fonte des glaciers, déplacement du trait de côte, baisse des rendements agricoles…- dont la fréquence et le rythme vont s’intensifier. Tous les territoires sont déjà et seront de plus en plus affectés : les littoraux et les montagnes, les villes et les campagnes, le territoire métropolitain et les outre-mer.
Dans l’état actuel des engagements climatiques de l’ensemble des pays du monde, les experts GIEC anticipent un réchauffement de 1,5°C en 2030 par rapport à l’ère pré-industrielle, 2°C en 2050 et 3°C d’ici la fin du siècle. Pour la France, qui se réchauffe plus vite que la moyenne mondiale, les températures grimperaient de 2°C dès 2030, 2,7°C en 2050 et 4°C à la fin du siècle. C’est sur cette trajectoire de réchauffement que la France a choisi de fonder son prochain Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC).
Adapter nos territoires au changement climatique n’est pas renoncer aux politiques d’atténuation. C’est prendre acte du fait que le climat change, qu’il changera encore – même si on ignore jusqu’à quel point - et qu’il faut se préparer collectivement aux conséquences de ces transformations. Une planification est indispensable, car il s’agit de coordonner les actions d’une multitude d’acteurs à différentes échelles territoriales et temporelles, mais elle s’opère dans un contexte de forte incertitude sur l’ampleur des changements à venir. Pour cette raison, le coût de l’adaptation est difficilement évaluable. Une chose est sûre cependant : le maintien à l’identique sera impossible dans bien des cas. Il faudra donc faire des choix. Que tenons-nous à préserver ? A quel prix ? Qui voulons-nous protéger ? A quoi sommes-nous prêts à renoncer ?
A cet égard, les réponses apportées au réchauffement climatique constituent un test majeur de la maturité politique d’une société. Mal anticipées, décidées dans l’urgence, elles sont porteuses de risques de mal-adaptation, conduisant à des coûts exorbitants, dégradant encore davantage le climat futur et fragilisant les populations et les territoires vulnérables – tandis que les mieux lotis tenteraient de se mettre à l’abri. Mais le pire n’est pas sûr. Elles pourraient au contraire déboucher sur une société plus consciente de la fragilité des milieux et des conditions d’habitabilité et donc mieux préparée à la fois pour l’adaptation et l’atténuation du changement climatique ; une société plus coopérative et plus soucieuse des personnes vulnérables ; une société plus innovante, prenant appui sur les initiatives qui fleurissent, en France et ailleurs, à toutes les échelles, pour explorer de nouveaux modes de vie et de nouveaux modèles de développement. Bref, une société plus résiliente – au-delà même du choc climatique.