Alors que la crise covid promettait un changement de cap, le monde d’après est celui d’une augmentation du trafic automobile. Pourtant, la stratégie nationale bas-carbone exige de décarboner totalement nos modes de transport terrestre. On mesure combien ce défi est en lui-même difficile quand on sait que les émissions du secteur représentent 30 % des émissions nationales et qu’elles n’ont que très peu baissé depuis 30 ans. En cause, la domination des transports routiers qui s’alimentent essentiellement au pétrole.
Le renversement de cette dépendance aux hydrocarbures s’impose dans un contexte rendu chaotique par les tensions géopolitiques actuelles. Aux contraintes de moyen terme fixées par le défi climatique – nous avons 8 ans pour faire baisser de 28 % les émissions des transports par rapport à leur niveau de 2015 – s’ajoutent les contraintes de court terme liées à la crise énergétique engendrée par la guerre en Ukraine. La hausse des prix de l’énergie pèse aujourd’hui sur tous les acteurs : des transports publics et privés de voyageurs et de marchandises dont les modèles économiques sont fragilisés, aux automobilistes, dont une partie est en situation de précarité face à la mobilité.
Cette situation accroît encore le dilemme entre fin du monde et fin du mois. Comment aider à court terme les ménages modestes à continuer de se déplacer, sans perdre de vue l’objectif de décarbonation de moyen terme ? Comment allouer les fonds publics, après la fin du« quoi qu’il en coûte », entre le soutien au pouvoir d’achat et les investissements dont nous avons besoin pour sortir de la dépendance à la voiture thermique ?
Nul ne peut prévoir aujourd’hui l’issue de la crise géopolitique. Mais il nous appartient, aux niveaux européen, national et territorial, de transformer la crise énergétique en opportunité pour accélérer la décarbonation. Cela passe à la fois par des gains d’efficacité, par des stratégies industrielles pour développer des technologies vertes, mais aussi par des efforts collectifs de sobriété. A cet égard, la transformation des habitudes de mobilité des individus suppose de nouvelles modalités d’organisation des activités et des territoires.
Quelles sont les options politiques et techniques sur la table ? Quels sont leurs impacts carbone, leur coût, leur acceptabilité sociale ? Et pour les décideurs, comment arbitrer entre ces différentes dimensions ? Quelle gouvernance des mobilités pour permettre de faire ces choix et d’aligner les différentes parties prenantes ?
Telles sont les questions auxquelles nous tenterons de répondre, en faisant appel à des experts, chercheurs et acteurs de terrain de premier plan et en valorisant la diversité des points de vue et des expériences apportés par les auditrices et auditeurs. L’ambition de ce cycle est d’être un lieu d’apprentissage collectif pour des mobilités bas carbone et équitables.