De la question des subsistances à la préoccupation « nutrition-santé » : les trois âges des politiques de l’alimentation
Bertrand Hervieu retrace l’histoire de la question des subsistances :
La question des subsistances n’a cessé de hanter le pouvoir royal tout au long de l’Ancien Régime. Les premières politiques alimentaires ont été des politiques agricoles mises en place dès les débuts de la Troisième République dans une perspective d’autosuffisance familiale, locale puis nationale. La Politique agricole commune s’est construite avec l’ambition d’assurer la sécurité alimentaire de l’Europe, grâce à une spécialisation des exploitations et un développement des industries agro-alimentaires. Les dernières politiques mises en place, à la suite de l’ouverture des marchés et des crises sanitaires de la dernière décennie du vingtième siècle, cherchent à conjuguer sécurité sanitaire, sécurité des approvisionnements et compétitivité internationale : un tuilage compliqué, d’autant que surgissent de nouvelles exigences tant en matière de nutrition et de bien-être que de développement local.
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Bertrand Hervieu, diplômé de l’Institut d’études politiques et docteur en sociologie, est président de l’Académie d’agriculture, après avoir été vice-président du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER). Il avait auparavant occupé le poste de secrétaire général du Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes pendant six ans. Il a également été président de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) de 1999 à 2003 et conseiller de plusieurs ministres de l’Agriculture et de la pêche.
Parmi ses publications : Sociologie des mondes agricoles, avec F. Purseigle, Armand Colin 2014. Les Mondes agricoles en politique, avec F. Purseigle, N. Mayer, P. Muller, J. Rémy, Presses de Sciences Po, 2010. L’Archipel paysan, La fin de la république agricole, avec J. Viard, Éditions de l’Aube, 2001.