Marseille, port mondial. C’était vrai jusqu’au XVIIe siècle : en « retour de fret » (bois, épices...), les bateaux repartaient chargés de ces tuiles tournées sur le genou, pour l’Argentine, la Chine : la tuile marseillaise - des tuileries de l’Estaque - comme les carreaux de Delft, ont inondé le monde. Marseille a probablement été l’un des plus grands ports du monde, du monde capitaliste émergent, comme Anvers ou Londres.
Comment cette ville mondiale est-elle devenue une ville provinciale ? C’est le propos de Michel Peraldi. Par une non-décision : la décision de ne pas faire de Marseille un dispositif métropolitain. Une histoire qui s’ancre dans les années 68-69, quand l’État décide que les métropoles seront Lille, Bordeaux et Lyon. Pas Marseille. Parce que, aussi bien au sens économique que sociologique, le triangle Fos - Aubagbe - Aix-en-Provence donnerait une majorité au parti communiste (Gardanne, Aubagne, Martigues, Port-de-Bouc... constituent une ceinture rouge). La métropole n’est pas créée non pour des raisons techniques, mais pour des raisons politiques.