La capitale catalane a une longue tradition d’innovation urbaine depuis que l’urbaniste Cerda y a imposé sa marque. Du cœur de la ville aux grandes périphéries, comment cette culture infuse-t-elle aujourd’hui les usages des routes et des rues ? Les enjeux de réappropriation de l’espace public, de pollution de l’air et d’adaptation au changement climatique sont aujourd’hui au cœur des réflexions. La place des véhicules motorisés est repensée, que ce soit dans l’hyper centre, avec la politique de pacification des « super-îlots » et de multiples exemples, pas toujours probants, d’urbanisme tactique au moment de la crise sanitaire ; sur les pénétrantes, dont la requalification ne va pas sans polémiques ; sur l’ensemble de la zone de basse émissions (92 km2, la plus vaste d’Europe du Sud) ou encore sur les autoroutes, où des voies sont réservées aux cars express ou au covoiturage. Au-delà de la circulation des modèles urbains, ces réalisations s’inscrivent dans le contexte très particulier de la métropole barcelonaise – la seule capitale de communauté autonome à jouir de ce statut – et des tensions aigues du fédéralisme espagnol.
Document mis en ligne le 17 octobre 2024
Nacima Baron est professeur à l’université Gustave Eiffel et à l’Ecole des Ponts, membre senior de l’Institut universitaire de France. Spécialiste des politiques d’infrastructures en France et dans l’espace euro-méditerranéen, elle étudie la manière dont les mobilités se saisissent de l’idée de transition, performant la mise en mouvement de l’aménagement, dévoilant les articulations entre émergence située de l’innovation et appropriation collective du changement. Parmi ses publications récentes : Réseaux ferrés et territoires avec P. Messulam, Presses des Ponts, 2017 ; L’Espagne en crise avec B. Loyer, Armand Colin, 2015 ; « Gouverning spanish municipalities through mobilities », Revue méditerranéenne de sciences politiques, 2019.